Paris, et son
habituelle foison de rencontres, plaisirs et occupations en zigzag, auxquels je
peux enfin m’adonner sans avoir à rendre des comptes. La peste soit les années
que je viens de passer ! Ai par exemple reçu hier au soir, enfin à l’aise,
pour un dîner presque intime rue de Rennes, MC1&PO, au cours duquel furent
dites bien des choses prometteuses - si j’abandonne bel et bien l’action
politique directe (encore était-ce un bien grand mot), je n’en vois pas moins apparaître
à l’horizon quelques heureuses perspectives ; celles que trace PO,
notamment sur la déconsommation, dessinent un autre projet de société,
comme on disait jadis, un modèle français de développement, et surtout la
restauration d’un art de vivre à la française qui s’engloutit ; il me faut
en écrire…
Ce matin, petit
déjeuner chez Lipp avec Philippe Marini que je n’avais pas vu de puis
longtemps ; il me raconte les dernières péripéties du Sénat. Tombons
d’accord, certes facile à conclure, sur l’épouvantable médiocrité du bocal
politique français, où ne se voit plus désormais d’exception, et surtout sur l’impossibilité
qu’en émerge jamais un homme ou une femme capable de transcender toutes les
tendances, ambitions, cloisonnements et coteries de la droite, capable de
l’incarner enfin sans plus faire de concession à l’hégémonie intellectuelle et
politique des gauches, centres et centres-droits inclus. Rien de ce genre à
l’horizon, en sorte qu’il se pourrait bien qu’il n’y ait en 2017, entre les
candidats des gauches, des centres et les « ni droite-ni gauche »,
aucun candidat de droite. Or, c’est ce qui pourrait tout débloquer. La
France n’a vraiment pas de chance …
Puis vais au
Palais de Justice, où je dois retirer je ne sais quelle convocation à la
première audience du procès qui m’est intenté par SOS Racisme pour les propos
que j’ai tenus, ou qui me sont imputés, sur les Roms – c’était en février
dernier sur ce blog, qui était alors blog de campagne. Après avoir dû, en
septembre, m’expliquer sur le sujet dans un service spécialisé de la police à
la suite d’une plainte déposée contre moi par SOS Racisme et la « Maison
des Potes », je vois bien que je suis dans la nasse et me dirige, ou
plutôt qu’on me dirige tout droit vers la correctionnelle… Pour me distraire de
cet agacement, je saisis l’occasion de me trouver au Palais pour faire quelques
pas dans la Sainte-Chapelle ; mais le temps est gris et les vitraux, dont
une partie est en cours de restauration, ne miroitent guère. Le plus frappant
est la religieuse application des touristes à regarder en détail les voutes, à
écouter les explications des guides, à consulter les panneaux. Détails !
Ce lieu servant pour moi de bain esthétique dans le ventre enchanteur et
surtout enfanteur du Moyen-Âge ; mais il faudrait, pour plonger tout à
fait dans cette magie, s’y trouver seul – comme le saint roi qui, dit-on,
venait fréquemment s’y recueillir la nuit, la passerelle qui la relie au
Palais donnant directement dans sa chambre. En sortant, croise Saint Robert qui
part demain pour Cuba, et évoque le premier voyage qu’il fit à La Havane en
1968, ou 1969, lorsqu’il entendit tomber de la bouche de Fidel Castro cet
hommage au Général de Gaulle : « Es un rebelde como yo » – cette
histoire, qu’il aime tant à raconter, me fait toujours rire… Rentre à la maison
pour répondre aux nombreux témoignages que je reçois après la publication de la
lettre à Marine Le Pen d’avant-hier. Que d’échos, fichtre !
Le soir, mon « Libre Journal » sur Courtoisie, que je consacre aux
représentations de la Grande Guerre, est improvisé mais charmant ;
Philippe Marini, invité ce matin au débotté, présente par téléphone les
manifestations du souvenir organisées par sa ville de Compiègne ; Ramu de
Bellescize reprend l’argumentaire qu’il a fait paraître la semaine dernière
dans le Monde contre la récente décision de la Cour européenne des
droits de l’homme condamnant la France à introduire peu ou prou le syndicalisme
au sein ses armées – moyen bien entendu de pulvériser nos instruments de
défense, les français comme les européens pour ce qu’il en reste, mais également,
comme il l’écrit sans détour, de permettre aux institutions supranationales de
prendre en main les armées de la France ; Philippe d’Hugues évoque avec
une érudition vertigineuse les nombreux films qu’a inspirés la Grande Guerre –
charmant Philippe d’Hugues qui me raconte, tandis que nous sortons du studio et
marchons vers le métro, comment il rencontra mon père dans un dîner qu’il
situe en 1970 et qu’il évoque avec une précision stupéfiante – évaluant
encore le nombre de verres de whisky que ce pauvre André Coûteaux dégusta ce
soir-là sous son nez, et qui alimentait le feu ce qu’il dit être « sa
conversation éblouissante ». Comme toujours, les personnes qui me parlent
ici ou là de mon père, mondain de haute volée dans les années où je ne l’ai pas
connu, prennent à mes yeux un prestige tout spécial…
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