Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


mercredi 26 novembre 2014

Mardi 18 novembre deux mil quatorze ; Paris sous le soleil de novembre.


Il y eut toute une polémique dimanche dernier sur les « réseaux » à propos de la journée que différents mouvements identitaires (les « ID », comme disent les initiés), ont organisé à Paris pour parler de « remigration ». Le sujet a choqué, sans que l'on sache très bien ce qui motiverait un interdit contre tout projet de favoriser le retour de populations immigrées en leur pays d'origine, qu'elles n'ont quitté selon les immigrationistes eux-mêmes (patronat et droitdel'hommistes mêlés) que pour venir travailler, sans qu'il soit question de les priver de leurs racines – une fois posé que le mot « racines » suppose d'abord, plus encore que tradition ou religion, un paysage, une Nature. En somme, il n'est pas nécessaire de dénaturaliser des immigrés, de les priver de retour – on parle bien de droit et quelquefois  de « primes au retour ».

            Si je n'étais allé à Carpentras samedi dernier et m'étais trouvé à Paris, je serais allé chez ces identitaires, que je juge plutôt sympathiques, tenant moi-même l'identité pour une revendication saine et noble, y compris chez les immigrés eux-mêmes qui n'ont nulle raison de renoncer aux leurs propres ; tenant aussi qu'un monde en ordre est un monde d'identités qui se respectent les unes les autres, ce qui suppose que chacun connaisse, comprenne, respecte et fasse vivre la sienne ; tenant enfin, en platonicien fidèle, qu'un monde est beau, bon et juste quand les choses, les êtres et les peuples sont ce qu'ils sont, ce dont j'ai cru pouvoir faire l'un des éléments fondamentaux de la philosophie explicite (« les choses étant ce quelles sont ») et implicite (« je salue Fécamp, port de pêche qui entend le rester ») du Général de Gaulle,  grand identitaire s'il en est.

            Or, une polémique est née, sur touitteur et ailleurs, de la présence à cette journée « identitaire » de Karim Ouchikh, au nom (si l'on peut dire...) du SIEL, un journaliste de mes amis jugeant même que cette présence signalait une dérive de ce petit et presque moribond  parti qui, estimait-il, n'en serait jamais venu à de telles extrémités « de mon temps ». Ce touite, d'allure aimable mais pas très informé, ayant été repris plusieurs fois, en particulier par d'autres journalistes et non des moindres, j'ai cru devoir, sur mon compte personnel, intervenir et approuver M. Ouchikh. On n'imagine pas combien mon petit message, et ce soutien qui n'était certes que de circonstance, a pu soulever de commentaires. Quoi qu'il en soit, je n'en démords pas : je suis, à l'instar du Général de Gaulle et de tout essentialiste qui se respecte, un pur « identitaire » - et si M. Ouchikh l'était aussi, je n'y verrais que des avantages...

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