Séjour
présidentiel au Canada, suite : M. Hollande, nous apprend-on, va terminer (et
non achever, comme il faudrait dire) son voyage par une « étape au
Québec ». Comme paraissent lointains les temps où les officiels français,
se rendant au Québec, consentaient un détour par Ottawa – ce détour que ne
consentit même pas de Gaulle en 1967, après avoir pris soin d'arriver au Québec
par la voie maritime afin de ne pas passer par l'aéroport de Mirabelle, qui est
en territoire fédéral...
LF, fidèle lecteur auquel l'entrée
d'avant-hier sur « Mère Nature et décroissance » n'a pas échappé,
m'envoie ces extraits du très récent livre de Vincent Cheynet, « Décroissance
ou décadence » : « En somme, que se cache-t-il aujourd'hui
derrière les termes de croissance, développement, progrès, libéralisme,
libéral-libertarisme, productivisme ? Une même conception : celle de
l'illimité. Le fondement de notre vision de l'humain et de la société est
devenu le refus de l'idée de limite. La matrice de notre monde est le désir
d'abolir toutes les bornes, soit l'exact inverse de la tradition gréco-latine
pour laquelle l'hubris, la démesure, constituait la faute majeure ».
C'est drôle, je n'ai rien écrit d'autre – encore que j'aurais évité l'allusion
au libéralisme, trop beau mot qui ne veut plus rien dire. Et encore ceci : « La décroissance
est la voix du Père, celle qui oppose un « non » central à cette
époque. Non, la croissance infinie n'est pas possible. Non, les arbres ne
montent pas jusqu'au ciel. Non, on ne devient pas véritablement libre en voulant
satisfaire tous ses désirs. Non, nos pulsions ne sont pas par elles-mêmes des
droits. Oui, il y aura un manque, une insatisfaction, une frustration, une
blessure... Et c'est en intégrant cette réalité fondatrice que l'on peut
grandir. » Fort bien aussi, même si je ne parlerais pas de « décroissance »,
les besoins des hommes autour de la planète étant trop cruels pour qu'on se
détourne de l'effort des les satisfaire ; plutôt de déconsommation, mot
qui a le mérite de trier entre lesdits besoins pour en écarter les moins
nobles, et qui réserve la possibilité, pour qui ne consomme presque rien, de
prendre sa part des biens de ce monde : une bonne croissance a justement une
mission d'équilibre planétaire par la recherche et l'investissement – en
particulier, pour ce qui est des besoins du Sud, notamment par l'exploitation
des mers, où la France devrait exceller... J'aimerais parler de tout cela avec
l'auteur, et vais l'inviter à l'un de mes mercredis, sur Courtoisie...
(Et puis,
nous ne sommes pas contre le progrès, seulement l'idéologie du Progrès : le
Progrès totalitaire.)
Autre divin passage du divin Petifils, qui décrit la
liesse de Paris quand fut annoncée la guérison de Louis XV, encore Dauphin – il
avait été pris dans l'été 1721, à l'âge de 11 ans, d'une terrible indigestion
accompagnée de fortes fièvres : « La guérison de l'enfant-roi fut
saluée par des explosions de joie et un Te Deum à Notre Dame, auquel
assistèrent le Régent, les princes et les parlementaires. Les Parisiens
illuminèrent leurs fenêtres, dansèrent aux carrefours, où l'on distribuait du
vin clairet. Ils eurent droit à des représentations gratuites à l'Opéra et chez
les Comédiens Français. Dans son Journal, l'avocat Barbier écrivait, à la
date du 6 août, qu'il n'avait jamais vu autant de monde la nuit dans les rues :
« Jusqu'à trois heures du matin, avec des folies étonnantes, on voyait
partout des bandes avec des palmes et des tambours, d'autres avec des
violons... ». Vertu des
blogs, tel celui de cet avocat Barbier qui ne savait pas écrire pour des
inconnus qui viendront trois siècles après lui ; et temps heureux
d'avant le Roi Commerce et la Reine Technique...
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