Lundi 13 janvier 2014. -- Service Public, suite : relisant ce que j'écrivais hier sur ce Journal, je me fais le reproche d'y avoir posé un lourd problème, sans entrevoir de solution. Par exemple, la question du métro engorgé, dont j'ai parlé avec plusieurs personnes, y compris un bon technicien de la chose, paraît à peu près insoluble dès lors que sur certaines lignes, comme la ligne 4, l'une de celles que j'emprunte le plus souvent, les rames défilent à certaines heures en continu – il serait dangereux que le rythme s'accélère et que les rames soient encore plus proches les unes des autres. Soit. Mais sans doute faut-il voir le problème bien plus « en grand » : ce qui est en cause n'est rien d'autre que le gigantisme, et cette course au gonflement de la population qui semble être l'alpha et l'oméga, et comme le critère de réussite de toute bonne gestion municipale, aussi bien dans les villages que dans les villes et à Paris même – les équipes Delanoë nous auront-elles assez rebattu les oreilles avec l'obsession de repeupler Paris, rendre à Paris les populations qui ont dû la fuir, etc. Il en va de même pour toute l'Île-de-France d'ailleurs, dont la politique ne devrait pas consister à y attirer de nouveaux habitants (« rendre attractive », comme ils disent, à grands renforts de constructions nouvelles et de logements sociaux, hélas, hélas, hélas !...), mais au contraire à les décourager, en participant ainsi à ce qui se nommait, aux débuts de la Ve République, « l'Aménagement du Territoire ».
Je ne comprends pas, pour ma part, qu'il paraisse normal que, dans un pays aussi étendu que la France (le plus étendu d'Europe après la Russie), près d'un cinquième de la population se concentre en une seule région – et cela me paraît d'autant plus contrariant qu'existent désormais, grâce à Internet, au télétravail, au TGV, etc. de nouveaux moyens qui, mis en oeuvre par une ferme politique, redonneraient un peu plus d'énergie à ce pays, et notamment à notre région et notre capitale engorgées...
Voilà qui est peu électoraliste, me dira-t-on sans nul doute – j'aperçois déjà, s'il lit ces lignes, les broussailleux sourcils de Wallerand de Saint-Just se froncer dangereusement...
« - Comment, vous souhaiter voir diminuer le nombre d'habitants de la ville que vous prétendez administrer ?
- Eh oui, ma foi ! Paris est plus petite que Londres, Berlin, Rome même : pourquoi faudrait-il y faire vivre tant de monde, et y faire revenir, même pour travailler, ceux qui l'ont non sans raison quittée ?
- C'est suicidaire, électoralement !
- J'irai donc plus loin : mon cher VIe, qui comptait 112 000 habitants en 1910, n'en compte plus que 46 000 aujourd'hui : croyez bien que, si m'échoyait l'honneur de participer à sa bonne administration, je n'entreprendrais rien qui puisse inverser cette sage tendance ; d'autant que l'arrondissement est somme toute de petite taille, rempli de bâtiments officiels ou d'immeubles dotés de jardins, ce qui est très bien ainsi. Qu'il soit beau et bien tenu, propre et calme, élégant s'il se peut, exemplaire d'un Paris qui soit toujours Paris, certes, je le voudrais. Mais repeuplé, excusez-moi, je demande à réfléchir...
Voilà qui est dit, aussi dangereux cela soit-il, électoralement...
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