Mercredi 15 janvier 2014. – Il
faut vraiment que le prétendu « phénomène NKM » ait déçu pour qu'il
soit si vite admis que la partie est perdue pour elle, et gagnée par sa
concurrente Hidalgo ; car quiconque mesure les handicaps des équipes
écolo-socialistes a peine à croire qu'elles puissent l'emporter si aisément ;
il y a d'une part la très mauvaise gestion qu'elles infligent à la Ville depuis
treize années, gestion que je trouve plus critiquable à mesure que j'en
découvre les détails et qui suffirait à compromettre l'idée d'un nouveau mandat
de six ans ; il y a d'autre part l'actuelle décrépitude du Gouvernement
écolo-socialiste, et d'un Président de la République dont la légitimité et les
marges de manœuvre diminuent à mesure qu'il déçoit, et qui ne peut donc que décevoir de plus belle, cercle vicieux de l'impopularité et de
l'impuissance qu'aggravent ces temps-ci les rebondissements de sa très
boulevardière vie privée, et une disqualification morale aussi dangereuse que
les échecs plus strictement politiques ou économiques – dont le bonhomme est
certes accablé par ailleurs. Bref, alors que, pour les socialistes de
Paris, le tableau devrait être sombre, la faiblesse de l'UMP les
affranchit de toute sanction, et leur permet presque de parader.
Il
n'y a pas de quoi ; si le mot boulevardier m'est venu à l'esprit à l'instant,
c'est que ces petits sires de gôche s'enfoncent dans une atmosphère de
frivolité vaudevillesque dont la Mairie de Paris a donné maints exemples au
cours des dernières années et qui semble s'étendre à toute la troupe
socialiste, jusqu'à emporter celui qui fut si longtemps, et finalement demeure,
le chef de leur parti : écoutant des extraits de la conférence de presse que M.
Hollande donnait hier après-midi en son Palais de l'Elysée, qui du coup fait
de nouveau penser à la bonbonnière de la Pompadour, je songeais que, quoi qu'il
dise désormais, sa parole sera de plus en plus recouverte par l'aspect comique qu'a pris son personnage, qu'on dirait
sorti du théâtre de Georges Feydeau, un de ces bons bourgeois IIIe République à gilet rayé, montre à gousset et rondeurs idoines, aux prises avec de multiples
femmes entre lesquelles il ne parvient pas à mettre un peu d'ordre, et qui
reste désemparé au milieu de la scène, entre les portes qui
claquent de tous côtés. Dame Hidalgo, qui de longue date connaît elle aussi le bon M.
Hollande, est une des actrices de cette scène, et certes elle a bien raison de
se tenir à l'écart, laissant les concubines (dont l'une est bel et
bien actrice, complétant le tableau de boulevard), se chamailler,
tourner de l'œil ou demander leurs sels... Mais j'ai peine à croire que
les Français supportent d'être longtemps gouvernés, si du moins ils croient qu'ils
le sont encore, depuis de telles volières, où ne semblent plus avoir grand
place l'austère souci du Bien public, le courage de former et d'arrêter les
décisions, la connaissance des dossiers, des difficultés et souvent des drames
innombrables dont dépend ce que font ou ne font pas les élus : on s'amuse,
on marivaude, on emprunte en sifflotant et l'on dépense à gogo ;
j'ai peine à croire que la frivolité, qui fut le trait des dernières années
mais dont le temps est bien révolu, assure désormais de si faciles réélections,
et tient qu'une bonne campagne, si la ou les droites acceptaient de la mener sérieusement (et ensemble…), pourrait enfin dissiper cette atmosphère d'opérette, si ridicule et grinçante quand tout s'effondre alentours.
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