Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


mercredi 15 janvier 2014

Journal de campagne à Paris (janvier - mars 2014)

Dimanche 12 janvier 2014. -- Chaque jour, il semble qu'un malin génie s'emploie à infliger aux braves gens une nouvelle illustration du désastre général : écoutant tout à l'heure, sur France Culture, la bonne émission de Philippe Meyer Esprit Public, je l'entendis tout à trac raconter une anecdote que je n'ai crue qu'avec peine : un de ses amis, grand patron à ce qu'il semble, et donc employeur, l'a assuré qu'il écartait les candidatures de toute personne déclarant devoir gagner ses bureaux en RER. Pourquoi ? « Parce que, le RER ne marchant plus, on est sûr qu'elles arrivent en retard un jour sur deux, et quelquefois n'arrivent pas du tout... ».
    Anecdote d'autant plus intéressante que l'essentiel de ladite émission portait sur l'économie, et que l'on y conjecturait fort sur les voies et moyens d'une politique économique intelligente, à grands renforts d'explications compliquées et autres considérations éconolâtres qui ont hélas pris la place de la véritable réflexion et action politiques. Or, voici qu'apparut avec l'anecdote fortuite du RER, une de ces évidences que les amis du désastre, tout à leurs débats d'à côté de la plaque venait d'apparaître. Nul, bien entendu, n'en tira la conclusion simple, mais énorme, qu'une des conditions du rétablissement de notre économie n'a rien d'économique, mais relève de la politique élémentaire : un pays, qui, habitué comme il l'est à faire reposer sur eux l'essentiel de ses activités, ne peut se permettre de laisser aller les services publics essentiels à vau-l'eau, faute de quoi il ne connaîtra jamais de bonne économie.
     Faites-moi de la bonne politique, et donnez-moi de bons services publics, et je vous ferai de la bonne économie : on peut voir là les stigmates du libéralisme le plus traditionnel, comme ceux du plus mythique colbertisme, je m'en moque ! Restaurer les services publics, à commencer, pour ce qui est de Paris, par celui des transports, voilà bien, cette fois, une affaire municipale – indirectement pour ce qui est des RER mais plus directement pour ce qui est des métros, tant saturés, et insupportables, à certaines heures. Contrairement à ce que ressasse le discours ambiant, l'économie n'a pas la réponse aux problèmes économiques : si l'économie française se délabre, c'est que l'Etat, le Service Public en général (et pas seulement celui de l'Education dite « Nationale »), ne joue plus, ou très mal, ses rôles.

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