Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


lundi 27 janvier 2014

Journal de campagne à Paris (janvier - mars 2014)

Jeudi 23 janvier 2014. Amusant papier, dans le quotidien gratuit « 20 Minutes » trouvé l'autre jour sur une banquette de métro, sur les récriminations d'une starlette américaine, Scarlett Johansson, à l'endroit, ou plutôt à l'encontre (et nettement à l'encontre), de l'actuel Paris, qui la déçoit, dit-elle sans ambages, à cause du « je-m'en-foutisme » des Parisiens, tellement "speed" qu'ils en deviennent grossiers. Ces déclarations font l'objet paraît-il de commentaires assez crus sur « la toile » : un Québécois s'étonne que, dans le métro parisien, « on vous balance la porte dans le nez neuf fois sur dix » et que toute forme de transport dans la capitale de la France paraisse saturée…

      Il y aurait bien des choses à dire à propos de ce petit fait : d'abord, il est certain que la qualité des services publics et les conditions de vie se sont ici détériorées à vue d'œil depuis quinze ou vingt ans, mettant à mal la réputation de Paris et de ses habitants. Un internaute ne l'envoie pas dire : « transportés comme des ânes, servis comme des chiens »...

    Ensuite, qu'il est exact que la ville est saturée – on ne m'enlèvera pas de l'idée qu'il y a bien trop d'habitants, et de banlieusards, et tout simplement de monde dans notre enceinte parisienne, de taille assez réduite au regard de l'importance de la population, la superficie étant bien moindre que celle de la plupart des métropoles d'Europe  - mais ne l'ai-je déjà écrit ici ? Cette idée commence à m'obséder...

      Enfin, et peut-être surtout, les Parisiens ne se sentent plus « Parisiens », citoyens d'une capitale qui fut longtemps exemplaire en fait de goût, d'élégance et de... courtoisie, reconnue comme telle à travers le monde, où l'on ne peut qu'être déçu, quand on s'y promène quelques jours, par l'incroyable oubli de nous-mêmes et de ce que nous nous devons, en tant que Parisiens. Mais quel moyen, pour une municipalité, de redresser les mœurs et l'état d'esprit de ses concitoyens ? Il n'est certes pas facile de rendre les choses à elles-mêmes (sujet de notre colloque, qui est aussi, tout simplement, ma philosophie politique)... ; je ne vois qu'une chose, veiller à la bonne tenue sociologique de la capitale de la France – il y aurait pour cela d'assez nettes mais sévères mesures à prendre, par exemple en fait de sélection dans les logements sociaux, mais elles ne vont certes pas dans le sens de l'époque, et ma témérité n'ira pas jusqu'à les développer pour l'instant

     On ne m'enlèvera pas de l'idée cependant que Paris est une ville d'élite, tenue telle en France, en Europe, et partout dans l'univers, que tout doit être mis en œuvre pour qu'il en soit toujours ainsi, et que tous les responsables, les citoyens mais aussi les visiteurs, souvent débraillés eux-mêmes, doivent avoir cette exigence que je ne vois pas les moyens de juger autre qu'élitiste, aussi délicate soit devenue la chose, et le mot même...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire