Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


mardi 4 mars 2014

Sur la querelle que me cherche un journaliste sur la question des Roms

Mercredi 26 février 2014. Ah, certes, on est lu ! C'est déja çà... Une semaine après la mise en ligne de mes développements sur la triste question des Roms (dont les habitants du VIe me parlent en permanence, même quand je tente de dérouler mon « projet municipal »), un journaliste m'appelle ce soir et, sur l'habituel ton du procureur, me prie de « m'expliquer ». Or, tout est dans le texte : je ne crois ni possible ni souhaitable, pour ces familles, ces femmes et ces enfants (il y a peu d'hommes, curieusement...) qui vivent sur les trottoirs, ni davantage pour les habitants du quartier ou de Paris en général, de laisser se perpétuer une situation à laquelle personne ne peut apparemment apporter une solution, sauf à recourir à des camps, solution qui, pour qui connaît ces camps dits de « rétention administrative » n'est acceptable ni juridiquement (du moins à long terme) ni humainement, ni chrétiennement – j'évoque le Pape François parlant justement, il y a quelques semaines, à propos de l'immigration en général, de « spectacle lamentable »... Reste, comme d'habitude, le remède rationnel et raisonnable, savoir la suspension de Schengen, décision d'envergure que, comme d'habitude, personne n'osera prendre. Et c'est ainsi que, en ses divers degrés, la « puissance publique » s'installe dans l'impuissance  - aspect qui n'est pas le moins alarmant de la question…

     Le journaliste, bien entendu, ne se satisfait pas de ma réponse ; il aimerait bien quelques formules plus mordantes, me demandant si « d'autres candidats FN parlent comme moi de lèpre, ou réclament  la construction de camps ». Cette fois, je coupe court : je ne suis pas candidat FN, parti dont je ne suis pas membre ; je n'ai pas endossé le mot de lèpre qui fut utilisé par une habitante du VIe, directrice d'une agence immobilière très remontée sur le sujet, au point d'annoncer à qui veut l'entendre qu'elle vient d'écrire, la pauvre, à « Monsieur le Maire ». Et je n'ai pas demandé la construction de camps, puisque, sous le nom de « camps de rétention administrative », ils existent déjà – au contraire, justement, je veux supprimer cet extrême et inhumain recours, qui se généralise. En revanche, j'ai bel et bien parlé de « dignité nationale », cher Monsieur... Mais là, je crois qu'il ne voit pas très bien de quoi je veux parler ; il raccroche, un peu déçu. Attendons la nouvelle charge, que je guette de pied ferme, attendu qu'il est au plus haut point malsain de laisser la situation s'envenimer, et mal tourner – alors qu'il serait si simple, mais sans doute trop courageux, de poser la vraie question, celle de l'Europe dite « sans frontières »...

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