Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


mercredi 3 décembre 2014

Dimanche 23 novembre deux mil quatorze, Paris.

Bien trop nombreuses visites, depuis la parution de l' « annonce »... Du coup, ce journal prend du retard. Mais que dire quand il y a tant à dire, chaque jour et presque chaque heure ? Et quand tout ce que j'ai écrit nécessite d'être relu, précisé, complété ?

            Relisant mon « entrée » d'avant-hier, je m'étonne d'avoir écrit que toute la classe politique française me paraissait nulle. Et pourtant, c'est bel et bien ce que je pense ; je crois même, à présent, que la France ne compte plus aujourd'hui un seul homme d'État digne de ce nom.

            Je le vois de mieux en mieux : ce fut par désespoir que j'ai soutenu en 2012 Marine Le Pen ; je lui trouvais une fraîcheur, une liberté de pensée, de ton et d'initiative plus grande qu'elle n'en avait vraiment. Et c'est sans doute à tort que j'ai espéré (ce sera bien là mon dernier espoir politique...) que son élection voici presque quatre ans, à la tête du FN (dont elle voulait, m'avait-elle dit à plusieurs reprises, changer le nom), lui permettrait de changer ce parti de fond en comble, puis de le transcender pour réunir tous les morceaux épars de la droite nationale, tandis que celle-ci, après la défaite de Nicolas Sarkozy et les interminables avanies de l'UMP, dérivait sans programme, sans paradigme rassembleur, et surtout sans chef. Le SIEL devait l'y aider, tête chercheuse de ce rassemblement qui était bien la dernière chance de redresser la France.

            Hélas, hélas, hélas!, Marine et son inspirateur Philippot ont fait tout le contraire, rejetant en bloc toutes les droites qui n'étaient pas intégrables dans Le Parti, le « dédroitisant » même, l'enfermant dans une rhétorique « ni droite ni gauche » qui l'a privé de tout partenaire, donc de toute chance d'accéder un jour au pouvoir, et plus encore de l'exercer ; et le rejetant finalement dans les vieilles ornières « anti-Système » de l'extrême droite la plus banale. De cette salutaire stratégie « union des droites », il m'a bien fallu faire mon deuil, et depuis je ne vois plus, plus du tout, ce qui peut empêcher la France de rouler au chaos...


            En somme, c'était pour moi (et c'est encore pour beaucoup de bonnes personnes) Marine comme dernière chance d'éviter l'inévitable, en somme « Marine ou rien », « Marine ou le Chaos ». Or, l'esprit ne pense pas que ce puisse être le rien qui gagne : pourtant, c'est finalement ce qui va arriver : Rien, c'est-à-dire le Chaos, lequel me semble désormais inévitable, en sorte qu'il n'y a pas mieux à faire que vendre ce que l'on possède pour s'en aller vivre calmement à la campagne « regarder dans le vide immense l'irrémédiable s'accomplir », comme disait je ne sais plus qui – Lucain ? Virgile ?  Et guetter les lumières qui s'allument dans la grisaille, et qui annoncent peut-être, après les froidures de l'hiver français, un printemps qui puisse lui aussi être français...

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