Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


mardi 4 mars 2014

Sur le quotidien Libération, ses adorables contradictions et son irrémédiable perdition

Mardi 25 février 2014. - Un temps, vers les années 90, j'ai lu Libé à peu près régulièrement ; c'était frais, chic, imaginatif, et j'ai souvent tiré, de quelques-unes de ses plumes les plus talentueuses, quelques gouttes de miel.  Puis il s'est mis à se répéter, à se laisser prendre au jeu du fric et de la frime – tandis que le fric se mettait justement à jouer avec lui, quelques grandes fortunes s'offrant puis se refilant ses dettes  comme on paye une danseuse avant de s'en déprendre. Je crois que l'on parvient ces temps-ci, malgré l'onéreux renflouement annuel d'argent public, au bout du bout du processus de dépréciation de la vieillissante danseuse – c'est que le soixante-huitard octogénaire, après s'être beaucoup répété, en est à radoter et n'intéresse plus grand monde.

    Pour sauver ce qui peut l'être, l'actuel actionnaire majoritaire envisage de transformer le siège du journal en une sorte de centre culturel  avec bar, restaurant, cyber-café et cyber machins plus aille-tèques les uns que les autres. Emoi de la rédaction, qui se dresse contre cette cruelle reconversion en invoquant... l'identité de Libé ? Seigneur, l'identité ? On a bien lu le communiqué des rescapés : eh oui, ils invoquent leur identité en péril ! Sans doute estiment-ils qu'ils ont le droit, eux, d'invoquer leur identité ; mais on espère bien que, en Suisse, on les traite de fascistes…

        La mort d'un journal, c'est cruel comme... la mort.

1 commentaire: